Thursday 30 November 2006

A poem of my Father's.( In french only sorry)

Au milieu des solitudes(In Présence africaine, n° 57, 1966)

« Quand à ma mort Dieu m’a demandé un siècle après
Ce que je voulais faire pour passer le temps
Je lui ai demandé la permission de veiller la nuit


Je suis le nègre veilleur de nuit
Et à l’heure des sciures noirâtres qui gèrent les parages
Lentement je lève ma lanterne et agite une cathédrale de
Lumières

Mais l’occident se défie du travail noir de mes heures
Supplémentaires et dort et ferme l’oreille
A mes discours que le silence colporte

Selon l’usage comme vous savez
La nuit vous autres dormez mes frères
Mais moi j’égrène sur vos songes
La raie enrubannée de la ténèbre laiteuse qui chante
Bonne nuit les petits

Et je prie cependant au nom de l’égalité des droits
Devenue droit à l’égalité
Et je pleure la soif de mon sang sel de larmes

Et vous cependant dormez
Et vous dormez mes frères mais aussi
Le sommeil vous chasse de la terre
Et vous partez pour des minutes de songes
Amplifiés au gonflement de votre haleine ronronnante

Je vous vend gratis des alcools
Que sans savoir vous achetez par pintes quotidiennes
Et retrouvez la nuit transfigurée dans les myriades de feux
Qui rêvent pour vous

Bonne nuit les petits

Je suis le nègre veilleur de nuit
Qui combat des nichées de peurs
Juchées dans vos cauchemars de jeunes enfants que je rassure
Quand s’achève mon labeur sur des milliards de créatures
Mais le monde au réveil va à la librairie du coin
Consulter la clé des songes. »