Saturday, 7 June 2008

The Yambo Ouologuem Reader

First of all I'd like to say sorry for not updating the blog in over a year, I haven't had the chance as I have been very busy over the last year.
Some of you may already be aware that a new book covering my Father's works is going to be released shortly, it is going to be in English. It has been put together by Christopher Wise, who I'd like to publicly thank for all his hard work in doing so. I haven't seen the book myself as yet but I am looking forward to doing so in the near future. When I get the chance to read it I will post my views here. The books title is The Yambo Ouologuem Reader and should be available shortly on Amazon. From what Mr Wise has told me, it contains writings of my fathers that have never been released before.

Friday, 9 March 2007

Extrait d'un entretien yambo ouologuem (Annees 70)


Que signifie, pour vous, l'ecriture ?

- Je pense que tout vient de la maniere de savoir au depart ce que c'est qu'un texte, ce que c'est qu'une plume. Je crois que la plume est a l'ecrivain ce qu'est a l'aveugle son baton. C'est-a-dire qu'un objet inerte devient un instrument operatoire dans lequel vient se loger la sensibilite qui s'y prolonge.De meme que l'aveugle qui marche a tatons sait ou il va, en gros, dans son idee, mais ne sait pas les embuches qu'il va trouver. De meme, je pense qu`il y a une loi de l'ecriture qui fait que l'on sent confusement en soi des zones de tenebres epaisses que l'on voudrait, non pas elucider, mais penetrer a travers laquelle on voudrait se frayer une voie. Ce n'est pas du tout une litterature de l'inconscient ou autre chose. On se cherche, bien entendu. Il arrive un moment, ou, quand on lit ce qui commence a etre le corps primitif du texte, ce corps par lui-meme arrive a exister de telle maniere qu'il vous impose des corrections, qu'il vous impose son existence autonome.Des lors, on se sent comme quelqu'un qui disposerait du monde et qui n'aurait pas de mains, qui n'aurait pas de bras. Il y a une espece d'impuissance absolument desolante, quand on voit qu`il y a cette inadequation de l'esprit de la chose que l'on veut faire et de la lettre que l'on voudrait atteindre. C'est ce qui explique que l`Afrique et le tiers monde en general, s'etant identifies a une forme de manifestation de la conscience malheureuse, en arrivent a etre cette conscience malheureuse, qui parle, qui fabule, que s'est cree une panafernalia de fictions verbales, qui delire, parce que, precisement, ne pouvant rien faire, elle n'a que la ressource de la parole. Je crois que l'on peut, avec un peu d'inexactitude sans doute, mais non sans justesse, dire que l`homme blanc est devenu une sorte de negre mythique du travail ; de meme, on peut dire que le negre de la civilisation du XXe siecle est devenu une espece de Juif mythique de cette meme civilisation.Il est evident qu'a partir de ce moment-la, l'ecrivain est juif, negre, conscience malheureuse, drame et en meme temps desir d'authenticite. S'il n'est pas ca, il fabrique et il n'est plus l'homme d'une oeuvre, mais d'un livre qu'il fabrique en fonction de la loi du marche. A ce moment-la, ce n'est plus une oeuvre, c'est d'abord et avant tout un produit de consommation.-

Que pensez-vous de l'unite culturelle africaine ?

- On peut constater que l'unite africaine a ete pronee verbalement, mais elle demeure plus un voeu pieux qu'une realite. L'Afrique est devenue quelqu'un qui n'est personne pour les consciences, un continent qui est celui de tout le monde et de personne, le reve d'un quelconque socialisme utopiquement progressiste, et foncierement infeode dans des structures de theocratie ou il est inconcevable qu'un president de la republique ne se juge pas comme un roi nomme a vie.C'est pour cela meme que l'on constate la chose suivante : l'independance qui aurait pu fournir a l'Afrique un renouveau des idees et de la litterature, une fois que le combat de la denonciation du colonialisme fut acheve, cette independance acquise theoriquement n'a apporte qu'une castration de la litterature et de la force vive qui devait faire la seve de la jeune generation. Et quand bien meme on voudrait offrir a l'Afrique des chances de s'exprimer, on s'apercoit qu'il y a un tel grouillement, un tel craquement dans les structures de base, qu'il est difficile que quelque chose surnage.


Tuesday, 16 January 2007

The first few pages of Les mile et une bibles du sexe

Note au lecteur
Ce livre etonnera sans doute le lecteur ; mais si je prends sur moi de presenter ce livre, c`est aussi pour lui demander assez d`indulgence pour ne pas crier au scandale.
Que le lecteur pense seulement que quiconque fait l`amour, ne pense plus a penser. Il en arrive au point ou il ne pense plus a rien. Il vit. Il se veut vrai, et il existe.
Qu`on le veuille ou non, tout couple sain est erotique, chacun selon sa propre formule. Et ce livre est un document. C`est un voile qui est leve sur la vie privee de divers couples. Peut-etre les connaissons-nous. Cette vie des couples est affaire privee, et ne merite en rien les facilites de jugements peremptoires.
Je ne pretends rien apprendre au public ; j`ose seulement le prier de ne pas reprouver, de ne pas se choquer, mais d`essayer avec moi de comprendre.
Finalement, il ne faut pas juger. C`est a des etres humains que l`on a a faire, et c`est en etre humain qu`il faut comprendre.
Aucun fait en cet ouvrage n`est invente. Mais, parce que “la censure a perdu ceux qui ont voulu s`en servir”, ce livre n`etant pas un roman a cles, toute resemblance avec des personnes physiques serait fortuite.

Avertissement
C`est le destin du sexe de paraitre moins romantique que le desir.
De la sans doute le classicisme vivant de sa pratique. L`amour y merite sa place au meme titre que la perversion. Le culte de la complicite y est l`evangile ou l`acte noie les tragedies individuelles. Et les mondes divers de l`orgasme et de la jouissance y deviennent des venins rares : entretenus par le genie de l`erotisme.
Aussi ne faut-il point s`etonner que, pour avoir longtemps cherche, puis trouve (ou manqué) le culte d`Eros, le sexe se berce de mille et une utopies. C`est que le corps y est erudit, et que le plaisir se reve une vie de genie entre le foyer et le preche.
Mais, les gestes, les reactions, les psychologies, les tendresses, les jouissances : graves, meditatives, penibles ou debridees – rien de cela ne permet de conclure en affirmant qu`il n`est en matiere de sexualite, qu`une seule norme. Une seule verite. Car le sexe etonne. Mais le corps interroge. Et le cerveau apprend. Or la sentinelle du desir tremble de se voir desarconnee. Voila l`erotisme des lors a nouveau etudiant…
De l`amour le plus simplement, le plus naturellement copule : a deux, il va aux “amities particulieres” et se lie aux echanges varies. Mais aussi, il rencontre le toucher sensuel d`autres psychologies. Ses inventions, en consequence, fondent – a l`imitation de ces rituels nes en pays d`ombres qui ne mentent pas – des religions dont le plaisir est le prophete. C`est la le voyage fabuleux dont rendent compte les “confessions-poker” d`Utto Rodolf, confessions devenues sous ma direction “Les Mille et Une Bibles du Sexe”.
En novembre dernier, en effet, m`appellant aux editions du Seuil, un grand aristocrate parisien me demandait rendez-vous, après maintes fievres oratoires. Il y a tant d`etonnement a etre sincere, que je crus voir dans la rhetorique dudit aristocrate une action cache : que me voulait-il au juste ?
Je le vis ; il me remit un manuscript – lourd de 2.400 pages. Rien de saillant. Mais une verite d`accents, une traduction d`aventures erotiques singulieres, des details ou tout a coup le sexe voit la lumiere, et, entre des ardeurs considerablement variees, prefere les expressions les plus intenses .
C`etait un manuscrit tout en bibles cachees ; religion sexuee de longues promenades de delire qui ecoute le plaisir, et entend comme un sang ancien battre contre les tempes …
J`ai decide, avec l`accord du possesseur du manuscript, d`intituler ces “confessions-poker” : Les Mille et Une Bibles du Sexe. Parce que Utto Rudolf (personnalite fort connue) a trie (après test) ses auteurs sur divers calepins aux milliers d`adresses. Au total, trois cents couples retenus pour se raconter et ecrire leur memoires : gens de professions liberales, du monde des spectacles, des affaires … Malgre leur vie erotique extremement intense, les 600 redacteurs ont donne dans une pornographie au gout douteux. C`etait, de-ci, de-la – parmi les chevauchements des niveaux de langue, ou les maladresses du style – un vocabulaire stereotype, truffe des mots argotiques habituels. L`ensemble, touffu, foisonnant, vecu et authentique, certes, mais par trop vide de tout capital esthetique, evoquait cette panoplie de publications indigestes ou l`on confond l`erotisme et ses faux : lesquels sont des manuels de gymnastique a domicile doubles de cours d`anatomie detaillee. De psychologie : point. Nul veritable support au recit.
Utto Rudolf (en cachant sous ce pseudonyme l`identite de l`aristocrate, j`assure tout ensemble l`anonymat a tous ses partenaires dans ce roman-document) Utto Rudolf, donc, m`a autorise a telephoner, a interroger. C`est qu`il cherchait un guide, un conseiller.
Or, certains passages erotiques de mon roman, Le Devoir de Violence, lui ayant paru plus que passables, Utto Rudolf a cru pouvoir m`investir des fonctions de directeur litteraire. J`acceptai de jouer ce role, après m`etre assure au prealable l`accord de ceux a qui je devais le couronnement de mon premier roman : divers membres du jury du prix Renaudot. Ils ne desavouerent pas mon initiative : je pris donc sur moi de charpenter le texte, de le corriger entierement, et enfin de l`editer. Parce que, face a la surenchere actuelle des choses de l`erotisme, il n`etait meme plus (a une ou deux exceptions pres) de livre erotique : tous les gouts etant dans la nature, et surtout les mauvais gouts.

Mais d`abord, qu`etaient ces “confessions-pokers” ?

L`expression n`est pas de moi. Elle est l`invention de l`un des cerveaux de l`Express, qui m`avait accueilli a son bureau a propos de ce livre. Les parieurs de ce jeu de “confession-poker” sont par excellence amateurs de “parties” diverses : allant de reunions d`amis (trois a six couples) au gigantisme (trois cents couples) en passant par les messes noires, les ballets roses ou bleus, les scenes de pendaison, les inventions insolites en Ardeche, dans un village abandonne, et au dilettantisme encore plus savant que la capitale discrete mais raffinee des excursions sexuelles : Troyes.
Les “confessions-pokers”, donc, c`est l`apogee de la faculte erotique. Elles revelent, extraites de leur gangue d`impuretes verbales, toute l`originalite de l`erotisme le plus neuf, le plus troublant. Les parieurs, en effet, ont choisi de conter l`aventure erotique la plus fabuleuse que l`experience leur ait donne de vivre. Au besoin, ils peuvent choisir le jour dudit recit, le jouer, se deguiser et faire revivre leur aventure en laissant d`autres amis mimer et faire l`amour, mais selon un style dont le pouvoir d`evocation donne la cle de cette eclosion de l`erotisme, ou de son eclatement. Qui perd y devient esclave. Car cet esclavage prend tout de suite corps. En effet, l`on doit exceller a traduire a chaque recit l`aventure erotique la plus choisie avant de meriter un partenaire. Mais, si ledit partenaire eut prefere pour partenaire un autre partenaire, ou que le mari ou l`epouse de qui a conte et joue son propre passé erotique veut garder sa compagne, alors tout change. Le partenaire qui voudrait le conteur pour amant ou maitresse acquiert ledit conteur – fautif d`avoir mal conte – en contant a son tour quelque chose de fabuleux. S`il gagne, si personne dans l`assistance – entre les treves de l`orgie et de ses folies – ne releve le defi pour depasser par un recit encore plus pousse le dernier parieur, comme aux encheres, c`est adjuge. Le bon conteur aura le droit de passer trois jours avec le partenaire battu du meme ou du sexe oppose. Si ledit conteur est marie, son epouse devra souscrire au reglement interieur du harem, et la nouvelle epousee, veiller en tous points au plaisir du couple qu`elle aura pour tache de servir : avec le plus grand amour et la plus grande sincerite. Si le mari de cette femme-esclave, desireux de garder son epouse, veut conter quelque chose de plus fort, mais perd, il est repeche par toute maitresse a qui il aura prouve, devant temoins, etre a la hauteur … Alors, a tout le mieux, peut-il esperer servir humblement son epouse – elle-meme esclave du premier couple vainqueur. “Servir son epouse” c`est-a-dire n`avoir d`initiative que si l`epouse se voit accorder l`autorisation d`autoriser son epoux a la prendre.
Les inventions, on le voit sont variees, et cet avertissement n`a pas la pretention d`en rendre compte de facon exhaustive. Car il est impossible de rendre compte de cette valeur essentiellement irrationnelle et merveilleusement viscerale qu`est le sexe. Aussi faut-il laisser vivre Eros en ce livre a cles, ou j`ai tenu a brouiller les pistes. C`est pourquoi il n`est pas jusques au personnage principal, en qui je n`ai fondu deux personnages. Regis – c`est le nom du heros (le lecteur n`a nul indice de sa profession ou de son age, et encore moins de ses traits – et pourtant, il est extremement present par tout l`univers interieur de sa psychologie, son art, son style de grand meneur de jeu) – Regis, donc, un jour gare sa voiture (une Rolls) en double file. Un agent de police veut le faire circuler. Mais Regis descend, ote le masque de “ses larges lunettes noires, et sourit”. Aussitot l`agent se met au garde a vous, salue, fait circuler et hele un taxi. Au lecteur d`imaginer le reste. Sur un mot, donc j`imposais telle retouche, sur un autre, j`exigeais d`autres confessions – et une nouvelle pensee eclatait.
Je telephonai a Utto Rudolf, epluchais le texte qui n`avait d`autre logique que les derobades de son illogisme. Toujours il ecrivait ou faisait ecrire par l`interesse(e) un temoignage qui hesitait moins a prendre forme. L`illogisme erotique, les rendez-vous, les avant et après l`amour, l`activite cerebrale eprouvant tour a tour les corps et leurs habitudes nouvelles, tout cela a justifie mes coups de telephone – dont le montant s`elevait au prix d`une voiture (il a fallu joindre au besoin la province, Londres, Bruxelles, les Canaries, les Bahamas …)

Il a fallu depeindre, autant que ces etonnantes confessions, les arrieres-mondes dont elles etaient lourdes. L`erotisme seul parle ; la litterature n`apporte que la sensibilite cachee, inconsciente, inconnue de soi, qui allume l`intelligence des sens et vivifie ses donnees. Le sexe s`integre dans le foisonnement de la vie, ou il n`apporte plus ni paix, ni desordre, ni maux ni demi-gloire tardive ni litterature marginale, mais un mode d`etre, dont la vie est tout interieure. C`est ce mode la qui eclaire ces impetuosites soudaines, ces defaillances, cette longue faim ou nous depassons le domaine du plaisir pour nous exprimer. Aussi bien ici, l`erotisme est-il entierement soumis a son pouvoir propre. Non satisfait d`en faire le lieu malseant ou s`ebroueraient les expressions diverses d`une sensiblite intelligemment defoulee, il s`avise d`edifier les vies privees sur les ardeurs, les faiblesses, les palpitations profondes d`une sincerite que le plaisir ne peut mettre en formule. Le propos metaphysique est ainsi inseparable de l`erotisme a l`oeuvre : comme un chef-d`oeuvre poetique. Cette attitude a besoin de tous les moyens pour canaliser ses puissances. Trop souvent, faute de beaux livres, nous avons vu le sexe donner toute sa force et s`abattre vaincu ; c`est qu`il cherchait, avec l`auteur, la mesure adequate. Et le fond meme de la nature de l`erotisme, est cette psychologie, cette esthetique, cette sensibilite que tout atteint et qui repond a tout. Aussi sommes-nous tous concernes.
Mais nulle question pour moi de me specialiser dans ce domaine. C`est la mon premier essai – et le dernier. Et, si j`ai pris sur moi de presenter Les Mille et Une Bibles du Sexe, c`est egalement parce que, en raison de certains aspects erotiques de mon premier roman, divers pays africains ont rejete de leurs frontieres Le Devoir de Violence. J`etais, aux yeux de chefs d`Etats irresponsables ou incultes, j`etais, pour avoir ose dire du Negre qu`il faisait l`amour, un cartieriste vendu a une France raciste, laquelle s`amusait de voir denigrer par un Noir les moeurs des peuples noirs. Soit. Il est bon d`etre primitif, certes, mais impardonnable d`etre primaire. Tant pis pour les primaires qui se revent censeurs.

YAMBO OUOLOGUEM
Aucun plaisir n`est en soi un mal. (Epicure)

Saturday, 16 December 2006

I have added a link to part of my Father's book here, plus some of the things that the papers etc. wrote about him or the book.

Le Monde on the 19th Nov 1968 said of Yambo Ouologuem..."An exceptional being who no doubt, like Leopold Sedar Senghor, was one of the rare intellectuals of international stature presented to the world by Black Africa."

"Ouologuem, from a vantage point uniquely his own, reveals a world in which white colonialism is preceded by black and Arab colonialism, In his endeavor to demystify African history, he is kin to Frantz Fanon. In the lyrical intensity of his images -- French critics have compared him to Rimbaud -- He is powerfully himself. He is the voice of an Africa unknown to the West, articulate here for the first time." Said the Publisher, Book Cover

Christopher Wise says in his book "Yambo Ouologuem postcolononial write, Islamic Militant"... "Ouologuem's decicion to return to Mali and wash his hands of writing in French was an incalculable loss to world literature."
These are just a few that I have in English.

Here is a link to a site that shows a few pages from the book in English, maybe after reading it you can come back and comment? www.nathanielturner.com/nightofthegiants.htm

Friday, 1 December 2006

A little about my father.

Yambo Ouologuem was born in 1940 in Bandiagara, Mali. He was the first African novelist to win the Prix Theophraste-Renaudot in France in 1968 for his novel Bound to violence.
Later the book was withdrawn from print due to claims of plagiarism. Although my father had claimed that in his original hand writen manuscript he had put quotation marks. After this he was plagued by controversy, which discouraged him a lot, as he had work hard on this book, sleeping only three hour per night while writing the book. It is interesting to note that he never received any royalties or the likes for the non-French Translation of this book. Many have made allegations of a conspiracy to rob him of these royalties...also worthy of note is that I reprinted the book in 2003 and also never received any royalties.
My aim now is to find the truth and to try to reprint the book Bound to Violence in many languages. There are a few old copies of the book available at the moment at crazy prices, just look on sites like e-bay or Amazon. It is my wish to make my father's books available again at normal prices...Anyone who may be able to help in any way feel free to contact me.

Thursday, 30 November 2006

A poem of my Father's.( In french only sorry)

Au milieu des solitudes(In Présence africaine, n° 57, 1966)

« Quand à ma mort Dieu m’a demandé un siècle après
Ce que je voulais faire pour passer le temps
Je lui ai demandé la permission de veiller la nuit


Je suis le nègre veilleur de nuit
Et à l’heure des sciures noirâtres qui gèrent les parages
Lentement je lève ma lanterne et agite une cathédrale de
Lumières

Mais l’occident se défie du travail noir de mes heures
Supplémentaires et dort et ferme l’oreille
A mes discours que le silence colporte

Selon l’usage comme vous savez
La nuit vous autres dormez mes frères
Mais moi j’égrène sur vos songes
La raie enrubannée de la ténèbre laiteuse qui chante
Bonne nuit les petits

Et je prie cependant au nom de l’égalité des droits
Devenue droit à l’égalité
Et je pleure la soif de mon sang sel de larmes

Et vous cependant dormez
Et vous dormez mes frères mais aussi
Le sommeil vous chasse de la terre
Et vous partez pour des minutes de songes
Amplifiés au gonflement de votre haleine ronronnante

Je vous vend gratis des alcools
Que sans savoir vous achetez par pintes quotidiennes
Et retrouvez la nuit transfigurée dans les myriades de feux
Qui rêvent pour vous

Bonne nuit les petits

Je suis le nègre veilleur de nuit
Qui combat des nichées de peurs
Juchées dans vos cauchemars de jeunes enfants que je rassure
Quand s’achève mon labeur sur des milliards de créatures
Mais le monde au réveil va à la librairie du coin
Consulter la clé des songes. »